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INTERVIEW 2018 CÉDRIC WOLKOW – BULLETIN NUMISMATIQUE C.G.B. N°177

    L’interview de cédric Wolkow, numismate et créateur du site Bnumis, dans le bulletin numismatique de C.G.B. n° 177 de juillet – Aout 2018

    Le succès en librairie des derniers ouvrages des éditions Bnumis nous a amené à nous intéresser au parcours et projets de Cédric Wolkow, numismate professionnel mais aussi auteur et éditeur de publications  Numismatiques. Celui-ci nous a accordé un peu de son temps afin de nous faire découvrir son activité et les projets des Éditions Bnumis.

    Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

    Après avoir travaillé 12 ans en cabinet d’expertise comptable, tout en alliant mes passions, la musique et la numismatique (celle-ci depuis l’âge de 10 ans), j’ai décidé, en 2015, de me consacrer entièrement et professionnellement à la deuxième d’entre elles.

    Quel est selon vous ce qui vous définit le mieux ? éditeur/ auteur/ vendeur/numismate/chercheur ?

    Je suis avant tout numismate et marchand, officiant dans la magnifique ville de Besançon. J’ai quelques publications scientifiques à mon actif (surtout pour le C.E.N. (Cercle d’Études Numismatiques) de Bruxelles) mais celles-ci ne sont pas faites à titre professionnel.

    Quel est, à l’origine votre spécialité, votre domaine de prédilection ?

    Sans aucun doute les monnaies de Gallien que je collectionnais avant d’être numismate professionnel.

    Je suis aussi spécialisé dans le monnayage byzantin, qui est malheureusement délaissé en France par rapport à des pays comme l’Allemagne. Je ne connais d’ailleurs que L. Schmitt, qui, en tant que numismate professionnel français, ait un attrait pour le monnayage de Byzance.

    monnaie byzantine

    Nous ne sommes donc pas vraiment nombreux. Mais j’apporte toujours quelques plateaux de monnaies dans les bourses pour faire découvrir et expliquer ce monnayage aux collectionneurs.

    D’où vient selon vous votre intérêt particulier pour le monnayage de Gallien ?

    Il s’agit d’un règne méconnu, mais d’un règne charnière passionnant entre le Haut et Bas-Empire. C’est un monnayage, avec d’innombrables variétés de bustes, collectionnable à bas coût (bien que beaucoup de mes amis collectionneurs ne jurent que par Probus, j’aime à leur rappeler que cette multitude de bustes exceptionnels est créée sous le règne de Gallien). Une collection ne vit que si elle s’étoffe régulièrement.

    Il est donc plus aisé de faire vivre une collection de monnaies du IIIe siècle qu’une collection de Jules César

    Quel est selon vous le plus compliqué dans la rédaction de tels catalogues de classement ? Choisir le bon référencement ou établir cotes et indices de rareté ?

    Les indices de rareté sont établis en détaillant tous les trésors disponibles (la série des « Trésors monétaires » éditée par la BnF pour la France ou celle des « Coin Hoards of Roman Britain » pour le Royaume-Uni, par exemple). En plus des trésors publiés, il faut passer à la loupe toutes les publications numismatiques de nombreux pays. F. de Callataÿ, qui est un spécialiste de ces questions, estime que l’on publie par an plus de 50 000 pages de numismatique (tous domaines confondus). Ceci est donc uniquement un (très) long (et très coûteux) travail de documentation.

    De toute évidence, la vraie complexité est d’établir les cotes. Le marché de la numismatique fluctue de semaine en semaine. Certaines monnaies ont vu leurs prix diminuer de moitié en 10 ans. Par ailleurs, beaucoup de paramètres, comme le style du graveur ou la patine, jouent énormément sur le prix d’une même monnaie.

    Par conséquent, si mes indices de rareté sont fiables, les cotations sont toujours relatives et sont réalisées sur une moyenne de prix constatés depuis 2008 et réajustées sur l’année 2017. Pour ce qui est du référencement, donc de mes codifications, si elles semblent un peu complexes au premier abord, le monnayage (en tous cas pour Gallien) l’est tout autant.

    Cela demande donc de la réflexion. On ne peut pas faire simple et précis en même temps. J’ai préféré la précision.

    Combien d’ouvrages avez-vous actuellement au catalogue de votre maison d’édition, Éditions BNumis ? Quels sont vos projets de publication ?

    Je ne me considère pas comme « maison d’édition ». Je préfère parler d’artisanat.

    Tous nos ouvrages sont faits par amour d’un monnayage et par passion. Je ne pense donc pas que notre catalogue s’étoffe d’innombrables publications dans les années à venir.

    éditions Bnumis livre

    Nous avons pour le moment trois ouvrages disponibles mais quelques autres sont en préparation ou en cours de mise en page (catalogue des monnaies romaines, la série des DIVI, les monnaies de restitution de Trajan Dèce ; catalogue des monnaies régionales, autres ateliers comtois du Xe au XVe siècle ; catalogue des monnaies romaines, Gallien, l’émission des figures assises).

    J’aimerais aussi travailler sur un catalogue des monnaies de la Dombes, un tome concernant Probus et un autre concernant Valérien avec mes amis respectifs J.C. Laurin, C. Oliva et B. Bourdel, spécialistes de ces trois monnayages. Mais je crois qu’ils attendent la retraite pour s’atteler à la tâche (rire).

    Je travaille aussi sur un ouvrage global des monnaies de Gallien, atelier de Rome, mais d’un point de vu beaucoup plus scientifique que mes ouvrages de cotation. Enfin, les lecteurs auront
    noté que nous travaillons aussi sur des catalogues de monnaies Gauloises. Mais ceux-ci sont actuellement en stand-by à cause de certains droits à l’image compliqués à obtenir en France.

    Donc pas de tome concernant l’émission milanaise des légions donc ?

    Mon ami et professeur J-M. Doyen prépare un catalogue des monnaies milanaises pour 2019. La révision du premier volume (258-261) est en cours. J’attends donc de voir si un Cmr (Catalogue des monnaies romaines) concernant les légions est complémentaire ou complètement inutile avant de travailler sur ce sujet.

    Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans le secteur très compliqué (et peu rentable !) de l’édition d’ouvrages numismatiques ?

    L’édition d’ouvrages numismatiques vient de ma passion du livre et du papier (je déteste le PDF). Je travaille essentiellement sur des sujets que je, ou nous, connaissons parfaitement bien.

    Concernant les tomes Gallien, nous avions envisagé en 2008 avec mon ami F. Weber (créateur du forum monnaie de l’antiquité) de préparer un corpus des monnaies de Gallien destiné au web. Par manque de temps, le projet n’a pas abouti (ou très partiellement) mais j’ai continué à répertorier les monnaies depuis 10 ans. En rencontrant différents professionnels ou collectionneurs dans les bourses ou dans les clubs, je me suis rendu compte que, malgré l’enthousiasme pour cet empereur, son monnayage, surtout au niveau des bustes, était très méconnu. C’est ce qui m’a poussé à publier une version papier de mon travail à bas coût et donc accessible à tout le monde. Je vois encore, malgré tout, sur le marché de la numismatique, des monnaies très rares affichées à 10 € et des monnaies très communes en vente à 180 €.

    Très peu de nouveaux numismates professionnels arrivant sur le marché se soucient d’avoir une bonne bibliothèque, ce qui est primordial à mon avis. Ils se servent en priorité de ce qu’ils trouvent gratuitement sur internet, comme le R.I.C. (Roman Imperial Coinage) ou le Cohen, par exemple. Mais ce sont souvent de vieux ouvrages qui n’entrent pas dans le détail et qui sont, bien qu’utiles, souvent erronés. Pour ce qui est du R.I.C. concernant Gallien par exemple, P. Webb a omis certaines monnaies pourtant très communes et fait une multitude d’erreurs.

    Aussi, beaucoup de numismate ne possèdent que le Sear (Roman coins and their values) qui leur sert pour toutes les monnaies de l’Empire romain. Mais il s’agit d’ouvrages généralistes qui ne se soucient pas de bustes ou de variantes, donc de ce qui fait la rareté de chaque pièce. Il existe pourtant une multitude d’ouvrages spécialisés sur un seul empereur que les collectionneurs n’achètent pas à cause des prix élevés de la littérature numismatique. Voilà pourquoi j’essaie de proposer des ouvrages utiles et à bas prix.

    Concernant les tomes Cmr relatifs à ma région, (Dole & autres ateliers Comtois) il m’a semblé évident de retravailler et mettre sur papier l’énorme travail de 25 années de mon ami T. Euvrard. Le livre a moins de succès commercial que les livres sur Gallien, mais le pari est gagné pour nous puisqu’une multitude de musées et de médiathèques nous ont contactés pour intégrer ces livres en bibliothèque.

    Si vous ne deviez garder qu’une pièce dans votre collection, quelle serait-elle ?

    Comme vous me parlez de pièce, je dirais… ma bibliothèque (rire).

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