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Antoninien, aurelianus et autres monnaies radiées

    Temps de lecture : 16 mn

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    Quand on commence en numismatique, on s’attend à trouver des sesterces, des deniers, des as… Mais en réalité, les premières monnaies qu’on rencontre sont la plupart du temps de petits modules radiés, qu’on voit appelés « antoniniens ». Si le nom n’est pas le plus connu, leur volume montre que ce monnaies furent frappées en masse au IIIè siècle. Mais elles ne sont pas toutes à mettre dans le même panier. Petit tour d’horizon.

    SOMMAIRE

    1. Les monnaies radiées avant Caracalla
    2. Caracalla et l’invention de l’antoninien
    3. Le IIIè siècle : le triomphe d’une monnaie d’argent qui n’en est pas une
    4. Aurélien et l’aurelianus
    5. La fraction radiée de la réforme de Dioclétien
    6. Les imitations radiées

    Les monnaies radiées avant Caracalla

    En latin, radius, c’est la baguette, et le rayon. Et porter une couronne radiée vous rend radiatus , rayonnant. Alors évidemment, les premières figures radiées représentent le dieu soleil, Sol, Hélios, Apollon, Phoebus…
    Des monnaies de la République figurent une tête radiée : celle du dieu de l’astre du jour.

    Sa première occurrence sur une monnaie romaine remonte à 217-215 avnè, sur une once de bronze (RRC 39/4).

    Les deux faces opposent et rassemblent la Lune (croissant et étoiles au revers) et le soleil, figuré à l’avers par une tête de jeune homme imberbe, de face, entourée d’un nimbe circulaire prolongé par des rayons (les globules sont des marques de valeur pour cette once).

    On voit que spontanément, comme dans le monde grec, le Soleil est représenté de face avec des rayons déployés tout autour.

    Once de bronze (RRC 39/4) de 217-215 avnè, avec un buste nimbé et radié de Sol de face à l'avers (et un croissant de lune et des étoiles au revers).
    Once de bronze (RRC 39/4) de 217-215 avnè, avec un buste nimbé et radié de Sol de face à l’avers (et un croissant de lune et des étoiles au revers).

    La composition de ces têtes radiées se dirige néanmoins vers des profils. Mais les graveurs hésitent encore entre les deux formules : la même année, en 42 avnè, on a pu essayer de la figurer de face, sur le RRC 494/43, sur lequel ils rayonnent de façon circulaire, ou avec un profil plus classique comme sur le RRC 494/21, sur lequel les rayons sont parallèles vers l’arrière.

    Denier RRC 494/43 de 42 avnè avec un buste radié de face de Sol à l'avers.
    Denier RRC 494/43 de 42 avnè avec un buste radié de face de Sol à l’avers.
    Denier RRC 494/21 de 42 avnè avec une tête radiée à droite de Sol à l'avers (et un croissant de lune et des étoiles au revers).
    Denier RRC 494/21 de 42 avnè avec une tête radiée à droite de Sol à l’avers (et un croissant de lune et des étoiles au revers).

    C’est sous Tibère, avec la divinisation d’Auguste, que les rayons se mettent à orner autre chose qu’un soleil. Il manifeste la divinité du père adoptif et prédécesseur. On voit le premier Prince ainsi radié sur des sesterces, deniers et aurei dès 19-21, et cela se poursuit sous Gaius/Caligula. Avec les étoiles, la couronne radiée est une marque de la divinisation.

    Aureus de Gaius (RIC 1) de 37-38 avec une tête radiée d'Auguste à droite (avec deux étoiles) au revers.
    Aureus de Gaius (RIC 1) de 37-38 avec une tête radiée d’Auguste à droite (avec deux étoiles) au revers.

    Le règne de Néron constitue un tournant. D’abord, la couronne radiée sert encore à montrer la divinité posthume des empereurs, comme sur les aurei où Auguste et Claude cheminent sur un quadrige tiré par des éléphants. Mais par la suite, des revers figurent un homme radié en toge, qui est, à n’en pas douter, l’empereur lui-même.

    Pourquoi radier l’empereur vivant ? Est-ce pour manifester sa divinité ? Avant sa mort ?

    Aureus de Néron (RIC 6) de 55, avec au revers Claude et Auguste, dont celui de droite radié, sur un quadrige tiré par des éléphants.
    Aureus de Néron (RIC 6) de 55, avec au revers Claude et Auguste, dont celui de droite radié, sur un quadrige tiré par des éléphants.
    Aureus de Néron (RIC 46) de 55-56 avec au revers l'empereur radié en toge.
    Aureus de Néron (RIC 46) de 55-56 avec au revers l’empereur radié en toge.

    Toujours Sous Néron, de grands bronzes (as et dupondii) se mettent à présenter à l’avers des profils radiés. Ou Néron se figure-t-il en Apollon, comme sur sa statue colossale ?

    Dupondius de Néron en orichalque et à la couronne radiée, avec ĪĪ à l’exergue. (RIC 193)
    Dupondius de Néron en orichalque et à la couronne radiée, avec ĪĪ à l’exergue. (RIC 193)

    Ces avers rayonnants se mettent progressivement à caractériser des monnaies d’une valeur double, en particulier au Haut-Empire le double quadrans, le semis ; et le double as, le dupondius. Chez les Antonins, ils ne sont plus la marque d’une divinité, mais une simple marque de valeur.

    Caracalla et l’invention de l’antoninien

    Mais au début du IIIè siècle, une crise monétaire s’installe. Depuis Trajan, l’empire n’a plus intégré de nouvelle province et les tonnes d’or qu’on y saisit : le stock monétaire s’effrite et fuit vers le Barbaricum.

    Des réductions de la masse et de l’aloi ont pu temporairement suffire, mais la crise menace. Surtout que les attaques extérieures se multiplient. Septime Sévère crée 3 légions supplémentaires, et double leur solde en 197. Caracalla en 212 l’augmente encore de 50%. Le budget militaire pèse énormément sur les finances de l’état.
    En outre, une crise démographique ne permet pas de hausse des impôts par capitation.

    Dès lors, il est tentant de manipuler la monnaie. En 193, le denier, au cœur du système monétaire, pèse moins de 3g pour seulement environ 70% de fin, soit tout juste 2g d’argent. On est loin de la pureté et de la masse de la République.

    Il n’est donc pas étonnant qu’en 215, Caracalla émette une monnaie radiée censée valoir le double du denier. Mais elle devrait peser 6,8g au lieu de ses 5,1g. Et son titre est encore plus faible : autour de 50%. Elle circule donc avec la valeur « faciale » de 2 deniers alors qu’elle n’a que 2,55g d’argent, soit bien moins qu’un denier de Néron.

    Antoninien de Caracalla (RIC 280d) de 216 avec un buste radié de l'empereur à droite à l'avers.
    Antoninien de Caracalla (RIC 280d) de 216 avec un buste radié de l’empereur à droite à l’avers.

    Il s’agit d’une des premières monnaies fiduciaires : sa valeur est celle que l’état lui fait arborer, pas celle de sa masse de métal précieux. On l’a appelé antoninien, du vrai nom de Caracalla : Antoninianus.

    Julia Domna, mère de Caracalla, eut aussi droit à ses antoniniens. Elle y figure à l’avers juchée sur un croissant de lune, en pendant sélénite du solaire empereur. C’est cette iconographie qui sera conservée pour les antoniniens des impératrices, comme depuis le thème solaire/lunaire de la première figuration républicaine.

    Antoninien de Julia Domna (RIC 388a), 215-217 avec le buste de l'impératrice sur un croissant à l'avers.
    Antoninien de Julia Domna (RIC 388a), 215-217 avec le buste de l’impératrice sur un croissant à l’avers.

    Parmi les monnaies provinciales, la couronne radiée suit l’évolution de l’état central : d’abord dédiée aux défunts divinisés, on la retrouve du vivant de Néron puis elle marque un doublement de la valeur.

    tétradrachme alexandrin de Néron, avec Néron à l’avers et Auguste au revers, tous deux radiés.

    Sur certaines monnaies locales, la couronne radiée permet également de distinguer l’empereur de ses co-régents. Mais vers 240-250, suivant le modèle de l’antoninien, le buste radié tend à se généraliser (comme le croissant sous les impératrices).

    Le IIIè siècle : le triomphe d’une monnaie d’argent qui n’en est pas une

    Cependant, ces antoniniens ne sont pas au cœur du système monétaire sévérien. Son émission est restée relativement marginale jusqu’en 238 sous Balbin et Pupien, et surtout Gordien III, chez qui il devient le module principal.

    La crise politique qui avait suivi la fin de la dynastie sévérienne avait entrainé des difficultés monétaires : les soldes étaient considérables et sans gratification des armées, impossible d’arriver au pouvoir ou d’y rester. Dès lors, l’état émit des monnaie à fort pouvoir libératoire (aureus, antoninien) et moins de monnaies de moindre valeur (les bronzes et les deniers se font plus rares). Quitte à tricher un peu sur le métal, dont la qualité et la masse décroissent régulièrement. C’est ainsi que les antoniniens ont vu leur poids et leur titre baisser constamment : de 4,5g pour encore plus de 45% d’argent vers 238-244, on passe à 35% pour 3,4g sous Emilien en 253.

    Mais la capture de Valérien par les Sassanides accélère la crise monétaire durant le règne de Gallien seul. Si l’antoninien pèse toujours 2,9g, on passe de 15% d’argent en 260 à 2,5% en 268 : la monnaie d’argent n’est même plus en billon mais simplement couverte d’une fine argenture.

    Antoniniens de Caracalla, Philippe, Valérien et Gallien
    Antoniniens de Caracalla, Philippe, Valérien et Gallien

    Et sous le règne de Claude II, on tombe même à 2,5g pour 2,5% d’argent, ne contenant donc que 0,06g de métal précieux. Les émissions étaient massives, devenant de fait quasiment le seul module émis (en dehors des monnaies d’or) : comment, en effet, réaliser des divisionnaires d’argent ou de bronze, quand leur fabrication aurait coûté infiniment plus cher en métal que leur valeur circulatoire ?

    La loi de Gresham, selon laquelle la mauvaise monnaie chasse la bonne, a entrainé la thésaurisation des monnaies antérieures, ne laissant en circulation que des monnaies de plus en plus dépréciées.

    Techniques d’argenture

    Les techniques d’argenture superficielle des antoniniens, de Gallien à Dioclétien, se laissent encore difficilement expliquer.

    Certaines monnaies offrent une argenture veloutée, presque mate, quand d’autres ont plus de clinquant. Est-ce uniquement dû aux conditions d’enfouissement ou au nettoyage contemporain ? Ou cela a-t-il à voir avec des façons différentes d’argenter les monnaies ? En tout cas, on semble pouvoir exclure l’utilisation d’une feuille d’argent (comme pour les monnaies fourrées) en raison de l’absence de ligne de repli de la feuille.

    Il semblerait également trop compliqué de tremper les monnaies dans un bain d’argent en fusion : la température de fusion de l’argent est très élevée (961,8°C) et l’énergie nécessaire à son maintien à l’état liquide serait considérable.

    En outre, la quantité d’argent nécessaire à ces deux procédés (feuille ou bain) serait bien plus grande que ce qu’on peut observer sur les monnaies.

    Certaines hypothèses plus récentes indiquent que peut-être une frappe à chaud aurait fait remonter en surface un argent plus mou que le cuivre du reste du flan (qui ne fond lui qu’à 1085°C) ? Mais de telles hypothèses restent à être explorées.

    Quoi qu’il en soit, le numophile débutant est souvent désorienté face aux RIC ou aux catalogues de vente qui classent parmi les monnaies d’argent des antoniniens qui n’en présentent aucune trace visible, surtout si l’argenture s’est mal conservée.

    Elle a parfois complètement disparu ou elle peut être recouverte par la patine verdâtre des alliages cuivreux. Parfois même, elle était totalement absente dès l’origine. En effet, de Gallien à Aurélien, de nombreuses fraudes furent émises par l’atelier de Rome, et des imitations apparurent également.

    Antoninien frauduleux de l'atelier de Rome au nom de Claude II.
    Antoninien frauduleux de l’atelier de Rome au nom de Claude II.

    Ces monnaies ne respectaient pas les standards, aussi bas soient-ils, et leur masse et leur aloi étaient encore plus minces que les productions officielles.

    Quant à la couronne radiée, à cette époque, elle fut très largement utilisée : pour des doubles aurei (binio), des doubles sesterces, en plus des doubles deniers que sont les antoniniens.

    Binio (double aureus) de Gallien (RIC 41) de 262 avec une couronne radiée à l'avers.
    Binio (double aureus) de Gallien (RIC 41) de 262 avec une couronne radiée à l’avers.
    Double sesterce de Trajan Dèce (RIC 155a) de 249-251 avec une couronne radiée à l'avers.
    Double sesterce de Trajan Dèce (RIC 155a) de 249-251 avec une couronne radiée à l’avers.

    Aurélien et l’aurelianus

    Aurélien arrive au pouvoir en 270. Cette époque attend l’homme providentiel, et souvent on est déçu. Mais là, un homme d’état décidé, un militaire compétent, et parfois presque radical, arrive au pouvoir. Il va tenter de stabiliser l’empire. Il met fin aux sécessions de Zénobie en Orient et de Tétricus en Gaules. Il met fin, dans le sang, aux émissions frauduleuses de l’atelier monétaire de Rome, lors de la « guerre des monétaires ». Et une fois installé, il cherche à assainir les bases.

    C’est ainsi que s’esquisse une réforme monétaire qu’il n’aura malheureusement pas le temps de mettre en œuvre jusqu’au bout. Dès 274, il entreprend de stabiliser et revaloriser la monnaie. Il fixe l’aureus à 1/50e de livre, il garantit la teneur en argent des antoniniens à 5% pour une masse 1/80e de livre (soit 0,2g d’argent par pièce) et il tente de relancer l’émission de monnaies de bronze (laurées et radiées, pour marquer l’unité et son double).

    Les antoniniens affichent leur teneur garantie en argent en arborant XXI dans le monde latin pour indiquer 1/20e d’argent (soit 5%) et KA dans le monde grec (même signification). Ils sont toujours radiés, mais les numismatistes contemporains les nomment souvent aurelianus, en s’appuyant sur un passage de l’Histoire Auguste qui emploie (une seule fois) l’expression « argenteos aurelianos mille » (« mille [pièces] d’argent auréliennes »). Peut-être appelait-on donc cette monnaie « argenteus aurelianus« . Mais ce texte étant très largement postérieur (de plusieurs réformes monétaires) au règne d’Aurélien, rien n’est assuré.

    Aurelianus d’Aurélien, avec à l’exergue XXI (marque de valeur) et V (marque d’officine).
    Aurelianus d’Aurélien, avec à l’exergue XXI (marque de valeur) et V (marque d’officine).

    Certains (rares) aureliani affichent XI ou ou X•I•I. Il s’agit de doubles aureliani. Ils ont parfois même, à l’avers, une double couronne radiée.

    Leur masse est la même que pour les simples monnaies radiées avec XXI à l’exergue, mais la teneur d’argent est double.

    Double aurelianus de Carin avec une double couronne radiée.
    Double aurelianus de Carin avec une double couronne radiée.

    Pour éviter la loi de Gresham (pas encore théorisée mais déjà constatée), Aurélien a sans doute réduit la valeur des anciens antoniniens vils, et les nouveaux antoniniens réformés auraient valu le double des anciens (1 et 2 deniers ? 2 et 4 ?), afin de faire sortir de la circulation les monnaies antérieures. Son intention était peut-être de réintroduire un système réellement tri-métallique, avec une monnaie d’argent pur qui serait arrivée ultérieurement, après la sortie progressive des mauvaises monnaies, pour éviter que les nouvelles ne soient thésaurisées. Sa mort surprise en 275 empêchera sa réforme d’être complète et la crise ne fut pas endiguée.

    La valeur circulatoire d’un aurelianus pour 2 antoniniens, soit 4 deniers, se poursuivra jusqu’à la réforme suivante de Dioclétien, en 294. Mais elle a peut-être été difficilement acceptée parmi la population. On vit ainsi parfois disparaître, sous Tacite, la marque de valeur XXI.

    La fraction radiée de la réforme de Dioclétien

    La réforme d’Aurélien fut incomplète, et de fait, insuffisante. Dioclétien, arrivé au pouvoir en 284, eut l’espoir de rester un petit moment et de s’attaqua aux racines des problèmes, parmi lesquels la monnaie. Pendant les 10 premières années de son règne, il conserva le système aurélien, et de nombreuses monnaies radiées portent encore le XXI. Mais pas toutes.

    Cependant, il entreprit, à partir de 294, une réforme monétaire qui recréait une monnaie d’argent fin, l’argenteus, et une monnaie lourde de cuivre argenté, le nummus.

    Dans ce cadre, quelle place pour l’antoninien et l’aurélien ? Dioclétien n’eut pas l’intention de les faire disparaitre : ils étaient trop ancrés dans les mentalités et trop présents dans la circulation.

    Argenteus et nummus de la réforme de Dioclétien.
    Argenteus et nummus de la réforme de Dioclétien.

    Mais la marque XXI disparut, tout comme l’argenture : les monnaies radiées devinrent de simples divisionnaires du nummus, doubles de la simple monnaies laurée, et retrouvant sa place de « double denier » de compte (mais pas en argent).

    C’est d’ailleurs souvent à l’absence de la marque XXI à l’exergue que certaines monnaies peuvent être classées après 294. Cette nouvelle monnaie radiée non-argentée a pu être appelée néo-antoninien, néo-aurelianus, ou encore, plus simplement et donc plus scientifiquement : fraction radiée.

    Aurelianus de Dioclétien, antérieur à la réforme, avec une couronne radiée, XXI à l'exergue et argenture (RIC Cyzique 306).
    Aurelianus de Dioclétien, antérieur à la réforme, avec une couronne radiée, XXI à l’exergue et argenture (RIC Cyzique 306).
    Fraction radiée de Dioclétien, postérieur à la réforme, avec couronne radiée, mais sans XXI ni argenture (RIC Cyzique 15a).
    Fraction radiée de Dioclétien, postérieur à la réforme, avec couronne radiée, mais sans XXI ni argenture (RIC Cyzique 15a).

    Dans le système postérieur à la réforme de Dioclétien de 294, la monnaie radiée est une fraction du nummus. Mais il est vraisemblable que l’aurelianus marqué XXI, qui continue de circuler, ait eu une valeur supérieure à la monnaie radiée en simple cuivre non-argenté. Selon les auteurs, l’aurelianus aurait continué à valoir 4 deniers de compte (mais d’autres avancent des valeurs de 2,5 ou 5), quand la fraction radiée n’en aurait valu que 2 (ou 2,5 ou 5 ?). On reste sur l’idée d’un double.

    Par la suite, dans le courant du IVè siècle, alors que le bronze subit des réductions pondérales, et finit par s’effacer de la circulation au profit de la silique d’argent et du solidus d’or, Licinius tenta de réinstaller des bronzes de valeur. Ainsi, des monnaies de bronze laurées circulèrent, en même temps que d’autres radiées et vraisemblablement argentées, à l’instar des auréliens. Mais la valeur était désormais de 12,5 deniers de compte, comme l’indique la marque XIIΓ. Peut-on donc en déduire que la monnaie laurée valait 6,25 deniers de compte ?

    Nummus réduit de Licinius, avec couronne laurée (RIC Siscia 17), 313-315.
    Nummus réduit de Licinius, avec couronne laurée (RIC Siscia 17), 313-315.
    Ae2/3 de Licinius (RIC Alexandrie 28) de 321-324 avec une couronne radiée et la marque XIIΓ au revers.
    Ae2/3 de Licinius (RIC Alexandrie 28) de 321-324 avec une couronne radiée et la marque XIIΓ au revers.

    Les imitations radiées

    Après la tentative licinienne, les couronnes laurées et radiées disparurent, et les bronzes perdirent de leur importance dans les émissions nouvelles. Mais pendant plus d’un siècle, les monnaies radiées avaient été les dénominations les plus répandues.

    Aussi n’est-il pas étonnant que la majorité des imitations figure des avers radiés, même quand l’empereur n’est pas vraiment identifiable. D’ailleurs, la datation même de ces imitations radiées n’est pas facile. Elle furent particulièrement répandues en Bretagne et en Gaules.

    imitation radiée.
    imitation radiée.

    J.-M. Doyen présente un tableau où il classe en 5 catégories ces imitations selon les caractéristiques des flans. Il semble que ces copies soient la plupart du temps plus ou moins contemporaines des types imités. La classe 1, avec les flans les plus grands et lourds, irait de Gallien à Carin, quand la classe 4, avec de très petits modules, irait jusqu’à l’époque constantinienne (années 330).

    imitation radiée.
    imitation radiée.

    Cet ensemble, forcément très hétérogène en raison de leur émission locale, a cependant une constante : presque tous les types, aussi peu identifiables soient-ils, figurent des avers radiés, preuve que cet élément était attendu chez les usagers.

    Présentes dès la République, les monnaies radiées sont même devenues des incontournables au IIIè siècle. C’est ainsi que les débutants en numismatique rencontrent souvent ce genre de module à leurs débuts.

    Mais la numismatique a horreur du vide : les couronnes orfévrées les remplaceront rapidement, et la numismatique médiévale, moderne et contemporaine oubliera cette iconographie qui nous fait associer aujourd’hui ce détail aux monnaies romaines. Les couronnes orfévrées mèneront aux couronne royales postérieures, et le nimbe remplacera les rayons pour manifester la divinité, de l’empereur et du Christ. L’ambiguïté solaire n’avait plus sa place. Jusqu’à Louis XIV ?

    solidus de Théodose(RIC 8b) 389-391, avec des empereurs à couronne orfévrée à l’avers et nimbes au revers.

    M.C.

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    Origine des images

    • Numismatica Ars Classica, Auction 152, Lot 50
    • Inasta, Auction 113, Lot 121
    • Leu Numismatik, Web Auction 25, Lot 1900
    • Numismatica Ars Classica, Auction 94, Lot 95
    • Numismatica Ars Classica, Auction 64, Lot 1116
    • Ira & Larry Goldberg Coins & Collectibles, Auction 80, Lot 3454
    • Néron, dupondius marqué II, Leu Numismatik, Auction 16, Lot 160
    • Nomos, Obolos Web Auction 7, Lot 368, Julia Domna antoninien, Teutoburger Tauler &
    • Tetradrachme, Tauler & Fau Subastas, Auction 73, Lot 449
    •  Fau Subastas, Auction 137, Lot 2919
    • Diocletien, billon radié, Roma Numismatics Limited, E-Sale 59, Lot 945
    • Roma Numismatics Limited, E-Sale 42, Lot 879
    • Licinius, Heritage Auctions, Auction 232437, Lot 62116
    • Licinius, nummus, Numismatik Naumann (formerly Gitbud & Naumann), Auction 6, Lot 619
    • Imitations, Cambreling + Wolkow Bnumis
    • Solidus, Helios Numismatik, Auction 2, Lot 493

    2 commentaires sur “Antoninien, aurelianus et autres monnaies radiées”

    1. Félicitations pour cet article instructif et très étoffé, qui est en fait un cours accéléré sur les changements dans le monnayage romain. Je serais curieux de connaître votre opinion sur l’hypothèse affirmant que Caligula serait en fait le premier “princeps” qui de son vivant serait apparu avec la couronne radiée sur des monnaies impériales ?
      J.Geranio et d’autres numismates défendent cette théorie depuis plusieurs années déjà.
      https://www.forumancientcoins.com/numiswiki/view.asp?key=Caligula%20-%20Spikey%20Attribution

    2. Merci. Pour moi, Caligula n’est pas radié sur ses monnaies de l’état central. D’abord, si elles existaient, elles seraient excessivement rares, et donc ne prendraient pas place dans un discours officiel. Ensuite, parce que pour moi, c’est Auguste qui est radié sur ses monnaies, même si les graveurs (volontairement ou non) ont pu mêler les traits du prince régnant et du prince fondateur. En revanche, sur les monnaies provinciales, c’est avéré et cela n’est pas étonnant dans le monde grec qui était habitué à ce genre de couronne.

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