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Le grading des monnaies désigne la technique d’évaluation de la condition d’une monnaie de collection. Il s’agit d’une évaluation de l’état de conservation de la pièce qui permet d’estimer une monnaie et donc de l’acheter à un prix qui reflète sa valeur réelle.
Il est prit en compte des facteurs tels que la détérioration, la corrosion, les rayures, les bosses et la perte de relief. Les monnaies modernes sont généralement classées selon des normes établies, comme celles de l’American Numismatic Association (ANA), de la Professional Coin Grading Service (PCGS) ou encore de l’entreprise française G.E.N.I.
Le grading appliqués aux monnaies antiques & féodales
Toutes les pièces de monnaie peuvent être gradées selon leurs qualités, mais la nature « fabrication artisanale » des monnaies antiques et féodales, que nous appellerons monnaies frappées au marteau, complique les choses par rapport aux pièces modernes fabriquées, elles, grâce à des machines.
Si vous ignorez comment est fabriquée une monnaie dans l’antiquité, dirigez vous vite vers l’article qui lui est dédié 👉 La fabrication de la monnaie antique & féodale : la frappe au marteau
En numismatique, plus qu’ailleurs (en tous cas pas moins ), la qualité détermine la plupart du temps le prix d’une monnaie mais mettre un « grade » sur une monnaie ne se fait pas grâce sur un seul aspect. La qualité de conservation seule, par exemple, n’est pas le facteur déterminant. Loin de là.
Un tableau, par exemple, n’a de la valeur grâce à un seul détail à gauche ou droite mais grâce à son ensemble ! voila ce que représente cet « ensemble » pour les monnaies.
Alors, comment estimer une monnaie antique ou féodale ?
Sommaire
Le style
Le style concerne la qualité artistique et l’habilité du graveur. Les graveurs avaient différents niveaux d’expérience (et même les plus expérimentés ont eu de bonnes et des mauvaises périodes).
On peut bien entendu comparer cela à la qualité artistique des peintres et de leur peintures. Tout le monde n’est pas Cézanne, Rembrandt ou Monet, et par ailleurs, même les plus grands peintres ont fait des œuvres de qualité différente : un artiste qui composerait toutes ses œuvres exactement de la même qualité serait-il humain ?
Ce premier aspect est donc très subjectif (tout le monde n’aime pas Monet) mais en voyant une pièce superbe il y a rarement de désaccord sur le style qui peut être pauvre, moyen ou superbe.
Attention à l’usure !
Il existe généralement un lien entre l’usure sur une monnaie antique (le frai, que l’on verra plus loin) et sa qualité. Toutes les monnaies usées perdent des détails et par conséquent une partie de nuances qui faisait partie intégrante de leur qualité artistique. L’as d’Agrippa illustré ci dessous a des coins très similaires mais la meilleur qualité de conservation de celui de droite donne l’impression d’une meilleur qualité artistique !
Préparation des flans
La préparation des flans sur les monnaies antiques est un processus complexe qui implique plusieurs étapes.
Les flans sont des disques de métal brut qui sont ensuite frappés par les coins pour créer la monnaie.
Comment sont préparés les flans monétaires ?
- La première étape consiste à fondre le métal brut pour créer un lingot. Le métal fondu est ensuite versé dans des moules pour créer des flans de la taille et de la forme souhaitées.
- les flans sont ensuite nettoyés et polis pour éliminer toutes les impuretés et les imperfections.
- si nécessaire, les flans peuvent également être trempés pour durcir le métal et améliorer sa qualité.
- Une fois les flans préparés, ils sont ensuite prêts à être frappés par les coins que les graveurs ont préparé.
Il est donc courant (surtout en période d’inflation, comme au IIIe siècle) que des monnaies aient été frappées sur des flans mal préparés, trop petits ou encore tordus.
La frappe
On suppose au moins deux, voire trois ouvriers, pour réaliser la frappe de la monnaie, celui qui frappait et celui ou ceux qui plaçaient le flan et enlevaient la monnaie.
Il existe tellement de variables dans le processus de frappe au marteau ( placement du flan sur le coin, force de frappe etc.) que bien évidemment deux monnaies ne ressortent jamais à l’identique.
La frappe molle et frappe vigoureuse
La frappe molle est un terme utilisé pour décrire la qualité de frappe d’une pièce de monnaie qui est floue ou mal définie. Cela peut être dû à des outils de frappe usés (coins usés) ou à une pression insuffisante lors de la frappe.
La frappe rigoureuse, d’autre part, décrit une pièce de monnaie qui a été frappée avec précision et netteté, avec des détails clairs et bien définis.
La plupart du temps les frappes les plus belles ont été faites avec des coins neufs.
Il est évident qu’une frappe molle aura beaucoup moins de valeur qu’une frappe vigoureuse puisque cela touche l’esthétique même de la monnaie.
Le centrage
Comme la plupart des monnaies anciennes étaient frappées sur des flans imparfaits à l’aide de coins gravés à la main, on voit rarement des monnaies antiques parfaitement centrée sur un flan presque rond assez grand pour que tout le dessin y apparaisse.
Lorsqu’une pièce est mal centrée, les collectionneurs débutant peuvent ne pas se rendre compte de l’importance de ce qui est hors flan (à moins que cela ne soit signalé par le vendeur).
L’importance du centrage est double : esthétique bien entendu mais surtout un bon centrage permet de lire les légendes entièrement et donc de donner la bonne référence à une monnaie. En effet, certaines monnaies avec les mêmes iconographies ont seulement les légendes (ou bouts de légendes) qui changent.
Il est donc impossible dans ce cas de certifier de quelle variante, dans quel atelier elle a été frappée, ou encore la date de frappe, entre autres.
Le centrage de la monnaie est donc aussi important que vous achetiez de l’art (pour sa beauté), ou un morceau d’histoire : vous conviendrez que l’intérêt est énormément diminué si on ne peut pas définir quel empereur, seigneur, ou autre a fait frapper votre monnaie.
Autres défauts de fabrication
Sans tout énumérer dans cet article, il existe tout un tas d’autres défauts dûs à la frappe ou à la préparation des flans ou des coins (marques de préparation sur le coin, flan tordu, flan trop fin, flan fendu etc.)
Par conséquent, contrairement aux collectionneurs de pièces modernes qui « chassent » les erreurs de frappe, le défi pour les collectionneurs de pièces anciennes est de trouver des exemples qui n’en soient pas, bien que certaines erreurs de frappes sur les monnaies antiques soient parfois des thèmes de collections assez prisés par certains collectionneurs.
La patine
La patine est un des paramètres les plus importants pour estimer une monnaie. C’est une couche de corrosion qui se forme sur les surfaces des objets en métal au fil du temps et au cours des siècles d’inhumation ou des décennies dans les collections.
Elle se compose généralement de minéraux et de sels qui se déposent sur la surface de la monnaie.
La patine peut être naturelle ou artificielle.
Sur les monnaies antiques, la patine naturelle est considérée comme un signe d’authenticité et augmente grandement la valeur de la monnaie.
A contrario, il est important de noter que la patine artificielle est considérée comme une altération et diminuera la valeur de la monnaie.
Les fausses patines sont induites chimiquement ou peintes sur les pièces de monnaie pour masquer des nettoyages loupés et hasardeux ou des défauts.
Une bonne loupe sera parfois bien utile pour repérer les patines trafiquées et beaucoup d’autres défaut d’ailleurs.
Les dommages
1. Dommages humain
Commençons par les nettoyages hasardeux. Nettoyer ses monnaies, ou du moins de ne pas les nettoyer sans le minimum de prudence requis fait partie des erreurs classiques du débutant. Ces nettoyages touchent en priorité les patines qui concernaient le chapitre précédent. Le simple visionnages des images ci dessous représentant différents degrés de nettoyage parle de lui même :
Il existe aussi tout un tas d’autres dommages faite par la main de l’homme, soit à l’époque de la circulation de la monnaies (graffiti, marque de contrôle, coup de burin,) ou à l’époque moderne (montage en bijoux). Toutes ses marques font baisser la valeur marchande des monnaies à moins que certaines marques ou graffiti soient des thèmes de collection à part entière.
2. Le frai
En numismatique, le frai désigne l’usure ou l’abrasion qui se produit sur les pièces de monnaies au fil du temps . Cela peut se produire à cause de l’utilisation fréquente de la pièce (monnaie ayant beaucoup circulé), du frottement contre d’autres objets..etc.
3. La corrosion
On pourrait définir la corrosion par une construction de patine qui s’est mal déroulée !
La corrosion est un processus de détérioration qui se produit lorsque les métaux sont exposés à des conditions environnementales spécifiques, comme l’humidité, l’air salin, les acides et les sels.
Sur les monnaies antiques, la corrosion peut causer des dommages importants tels que des taches, des trous, des boursouflures et des altérations de la forme de la monnaie.
Les monnaies qui ont été enfouies dans le sol pendant de nombreuses années sont plus susceptibles de subir des dommages de corrosion. Les monnaies en cuivre et en bronze sont particulièrement sensibles à la corrosion, tandis que les monnaies en argent et en or sont généralement plus résistantes.
La corrosion diminuera considérablement la valeur d’une monnaie antique proportionnellement à sa gravité bien entendu : si elle est atteinte, par exemple, de la maladie du bronze, sa valeur sera quasiment nulle.
4. La cristallisation
La cristallisation est un processus naturel qui se produit sur les pièces d’argent au fil du temps. Plus l’argent est pur, plus il est susceptible d’être cristallin à l’intérieur.
Il est important de noter que la cristallisation fait baisser le poids de la monnaies et que les monnaies cristallisées deviennent plus fragile (en fonction du niveau de cristallisation).
Bien que la cristallisation engendre une baisse de valeur, c’est un phénomène naturel souvent considéré comme un signe d’authenticité pour les monnaies antiques.
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Littérature :
- Généralités sur les monnaies antiques : la monnaie antique, de M. Amandry
- Sur les monnaies trouées (téléchargement pdf)
- Sur le frai : Barrandon, Le frai et ses lois , Cahiers Ernest Babelon n°5
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très bon article mais j’aurais aimé une conclusion sur le thème initial de l’article, grading ou pas grading des monnaies anciennes frappées manuellement ? avantages ? inconvénients ?
Mais merci d’avoir abordé ce thème, car, toujours selon mon avis, le grading n’est pas du tout approprié pour ces monnaies anciennes !
Hello Thierry, je n’ai pas fait cet article pour savoir si « le grading » est approprié aux monnaies antiques, ni pour débattre mais pour informer les acheteurs de tous les critères qui peuvent faire baisser ou monter le prix d’une monnaie 🙂
Très bel article comme toujours. J’ai encore appris des choses. C’est top !!
Merci 👌
Article super informatif et très documenté. Top.